Le Mokumé Gane

 

Ne trouvant aucune information en français, je me suis décidé à faire une page sur mon site pour les anglophobes comme moi. Après avoir pris confirmation des renseignements que j'ai réussi à comprendre auprès de personnes compétentes, en l'occurrence Achim Wirtz et Frédéric Mashio, en voici le résultat ( et entre temps le sujet avait était évoqué sur le forum, mais tant pis ).

Le Mokumé Gane est un assemblage de métaux non ferreux soudés entre eux à la forge comme pour un acier feuilleté dis "damas" normal. Seul la méthode de soudure change radicalement, mais le résultat après révélation est magnifique. La principale utilisation va être garde, pommeau, rondelle entre différent bois, insert ..... Les métaux utilisés sont divers et variés, il y a entre autre, le cuivre, le maillechort, le laiton, le bronze, l'argent, l'or, le palladium, les shakudos, les shiu-ichis ……………

La soudure se fera avec le même phénomène de migration des atomes de surface, avec une différence non négligeable, il n'y aura pas besoin d'utiliser le marteau pour cette phase. En effet c'est essentiellement la pression exercée sur l'empilage qui fera la soudure une fois les conditions requises atteintes. Cette pression va être réalisée en positionnant l'empilage entre deux plaques de métal reliées entre elles par de grosses vis, M14 par exemple.

Deux méthodes au choix, une plaque avec des trous taraudés et des vis ou si l'on ne dispose pas de taraud, des simples trous avec vis et écrous. Les plaques feront au minimum 10mm d'épaisseur. Le choix de la matière se fera en fonction de ce que l'on aura sous la main. L'idéal étant de prendre un acier de type D2, mais cela fonctionne très bien avec de la simple tôle. Un ringard pourra être soudé sur une des plaques pour faciliter les manipulations. Attaquons la préparation. Il faut découper les plaques de l'empilage aux même dimensions, ne les prenez pas trop épaisses, au maximum 2 mm. Si c'est une première fois, ne prenez pas de trop grandes dimensions. Ebavurez bien les plaques, passez les à la bande abrasive fine, au tampon à récurer ou à n'importe quel produit qui permettra d'enlever toute trace d'oxydation. Nettoyez les ensuite à l'acétone et laissez sécher. A partir de là, manipulez les plaques à l'aide de gant latex afin de ne laisser aucune trace qui pourrait compromettre la soudure. Positionnez sur une des tôles un morceau de feuille de journal, ce qui évitera au métal non ferreux de se coller à la tôle. Faite votre empilage en prenant soins de commencer et de finir par le métal dont le point de fusion et le plus élevé. Un autre morceau de journal, puis la deuxième tôle, attention de ne pas faire bouger l'empilage, puis serrez très fort. (merci Vincelab pour le croquis)

La soudure avec une forge à charbon, exercice qui demande une grande maîtrise du feu. Posez le bloc sur un lit de braise en zone neutre avec une soufflerie légère. Vous devez faire un foyer réduit, aidez-vous de brique pour cela. Posez un couvercle en tôle sur les briques, chauffez lentement et uniformément en retournant régulièrement le bloc.

La soudure avec une forge à gaz, plus facile pour le débutant. Posez votre bloc dans la forge, chauffez lentement et uniformément en retournant régulièrement le bloc. Avec ces deux méthodes, vous faites la soudure à vue, c'est à dire que lorsque l'on commence à apercevoir des "gouttes de sueur" sur la surface de la trousse, il faut faire très attention car l'on s'approche de la température de fusion, il faut donc retirer le bloc de la forge et le serrer dans un étau très fort sous peine de voir se répandre votre travail dans la forge. Le bloc va perdre de son épaisseur et devrait se détacher tout seul des plaques une fois le tout refroidis.

Il existe une méthode en aveugle que pratique Achim Wirtz, en utilisant un four électrique à température contrôlée, je vous la livre comme il me l'a expliqué. Il pose le bloc dans une caisse en fer dans laquelle il met du charbon de bois. Il chauffe à environ 10°C en dessous de la température de fusion de l'eutecticum des deux matières utilisées. Voilà ce qu'il m'a expliqué, je n'ai pas approfondi plus cette méthode car elle nécessite un matériel coûteux qu'un grand nombre d'entre nous ne possède pas.

Vous avez maintenant en main un morceau de Mokumé feuilleté "simple". A vous de le torturer pour y imprégner des motifs comme vous le feriez avec un bloc d'acier feuilleté. Il faut toutefois faire attention à la température de forgeage, sous peine également de voir se répandre le tout. Il faut également penser à faire des recuits fréquents pendant cette phase de forge. En effet votre bloc va se durcir et s'écrouir sous les impacts du marteau. Chaque fois que vous avez modifiée d'environ 30% les cotes de votre bloc, faite une chauffe à environ 700°C et trempez le bloc dans de l'eau froide.

Bonne forge à tous et merci aux donneurs d'informations qui m'ont permis de faire cette page.

La magie du damas   Guillochage

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Quelques exemples fait par Achim Wirtz :

40 couches cuivre/laiton motif échelle

 

40 couches argent/cuivre motif gouttes de pluie

 

une bague en 15 couches cuivre/argent torsadé

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